samedi 22 février 2014

RESTITUTION VOYAGE 14 FEVRIER 2014 À AULNAY-SOUS-BOIS, témoignage de Christine sur la question des prisonniers politiques.

 RESTITUTION VOYAGE 14 FEVRIER 2014 À AULNAY-SOUS-BOIS



 

Témoignage de Christine sur la question des prisonniers politiques.

Chaque fois que je reviens de Palestine, j’ai lecœur brisé, mais jamais désespéréLe cœur brisé, car les mots sont impuissants pour décrire la souffrance quotidienne des palestiniens face à la violence de l’occupation militaire israélienne. Les palestiniens vivent une situation d’apartheid et de racismeinsupportable, identique à celle de l’Afrique du Sud quand Nelson MANDELA était en prison.

Kerry JAMES dans sa magnifique chanson « le cœur et la raison » dit « La Palestine n’est pas une terre sans peuple destinée à accueillir un peuple sans terre : il y a bien un occupant et un occupé. Mais les palestiniens existent. Les palestiniens résistent, j’ai rarement vu un peuple si courageux, sa fierté brille comme le soleil même par temps orageux ».

C’est ce que nous avons vécu lors de notre voyage. Nous avons fait des rencontres magnifiques et noué de formidables amitiés.Fadwa me disait «  For the life Christine «  « Notre amitié, pour la vie ». Mon souvenir du voyage, c’est une immense chaleur humaine.Avec nos amis palestiniens, nous avons pleuré, beaucoup ri, nous avons chanté, dansé parce qu’ils aiment la vie et vivre c’est résister.Ils nous ont fait découvrir leur beau pays : des champs d’oliviers à l’infini, les déserts de Judée et de Galilée, et les villes si belles comme Naplouse, Hébron, Sébastia. Jérusalem aussi est magnifique avec ses remparts et le dôme du rocher qui scintille au soleil…

 

Nous avons aussi beaucoup parlé, en fait nous parlons politique tout le temps parce qu’ils ont besoin de nous expliquer encore et encore, de nous montrer l’inacceptable. J’ai des images d’enfants souriants qui vont vers nous en faisant le V de Yasser Arafat et nous disant« Free Palestine !». Je me souviens aussi quand nous avons lu des poèmes de Mahmoud Darwish devant son beau mausolée, ce fut un grand moment d’émotion.  Ce qui me marque également à chaque fois, c’est l’absence totale de haine de lpart des Paletiniens. Ils veulent juste vivre en paix sur la terre de PalestineLibre.  

Nous avons ainsi rencontré un peuple deboutqui se bat, résiste pacifiquement et des amis qui souffrent, mais qui ne plieront jamais.

Je pourrais parler de tant d’injustices et d’humiliations. En Palestine, nous sommes choqués en permanence par les atteintes aux droits humains : le mur de 800 kms qui sépare les familles et interdit aux enfants l’accès à la mer, les colons qui arrachent les oliviers et agressent les enfants, la spoliation de l’eaules check-points et l’interdiction de circuler librement, les routes souterraines pour lespalestiniens et les routes dédiées aux israéliens, les palestiniens chassés de leurs maisons et qui se trouvent depuis 1948 réfugiés dans des camps sur leur propre terre.

Parmi toutes ces atteintes aux droits de l’homme, la question des prisonniers politiques est centrale en Palestine. Elle est le symbole de l’occupation militaire israélienne et de la volonté stratégique de briser la résistance palestinienne : 5 000 prisonniers politiques sont dans les geôles israéliennes, en violation avec le droit international. Les détentions sont illégales.

Je suis allée plusieurs fois en Palestine et je n’ai pas compris immédiatement qu’il s’agit, en fait, d’un phénomène de masse : chaque palestinien est exposé à tout moment àl’arbitraire des militaires et peut être mis en prisonJ’en ai pris conscience progressivement au travers de témoignages d’amis palestiniens et de rencontres.



Un jour, je me promenais avec Mohanad à Bethléem. Mohanad  est maintenant le Directeur général de la ville d’Al Ram. Il me dit « tu vois à cet endroit, j’avais 12 ans et les militaires israéliens m’ont amené enprison ». Je lui ai demandé pourquoi, il m’a répondu « parce que j’ai défendu une vielledame battue par les militaires ».
Nous avons rencontré à plusieurs reprises les parents de Salah HAMOURI, le franco-palestinien emprisonné pendant 7 ans. Ils nous ont fait part de leur désespoir, aucunecharge ne pesait sur leur fils. L’Etat Français n’est jamais intervenu auprès d’Israël. Malgré ses nombreuses demandesDenise, sa mère qui est française n’a jamais été reçue par les autorités françaises. Salah a été accusé d’avoir fréquenté un extrémiste qui aurait imaginé un attentat qui na jamais eu lieu.  Il a subi des violences, eu un simulacre de procès et ses parents n’avaient pas l’autorisation de lui rendre visite.
Un autre exemple : Depuis 1967, Israël occupe militairement Jérusalem-Est quiappartient à la Palestine. Son objectif est de judaïser la ville en chassant les palestiniens de leurs maisons. Deux quartiers sont particulièrement exposés : Sheik Shara et Silwan que nous avons visités. Nous avons ainsi rencontré 2 enfants l‘un de 7 ans, l’autre de 13 ans. Celui de 7 ans jouait devant chez lui.  Il aété enlevé par les militaires et amené au poste de police. Violenté, il a été menacé de ne plus voir ses parents et de lui jeter desserpents. Celui de 13 ans a été kidnappé à la sortie de la mosquée, il a eu le bras cassé. Nous avons revu un an aprèsl’enfant de 7 ans. Il n’avait pas grandi d’un pouce. Son père nous a expliqué qu’il a des séquelles psychologiques gravesIl ne parlait plus. Là encore, nous avons eu le cœur brisé quand nous avons croisé son regard : un regard d’enfant doux, mais perdu, absentIl est fiché à vie et sera jugé à sa majorité par 1 tribunal militaire.
Notre amie Fadwa, militante des droits des femmes a fait de la prison, son mari Suheil en a fait 7 ans. Il est assigné à résidence etne peut sortir de Palestine. Leur 2 fils ont été emprisonnés.
Le maire de la ville d’AL RAM, ville qui aune coopération décentralisée avec Aulnay et Bondy a fait 30 ans de prison. Nous sommes allés lui rendre visite dans sa mairie. C’est avec une grande chaleur humaine et avec le sourire qu’il nous areçus. Torturé, c’est un homme malade et épuisé. En septembre 2013, la délégation d’Al RAM est venue officiellement en France à Aulnay et Bondy. A la frontière, les militaires israéliens lui ont interdit de sortir de Palestine.
Notre ami Issa a eu plus de chances. Il n’est pas allé en prison. Il m’a raconté qu’à l’âge de 20 ans, un matin en allant travailler, il a croisé des militaires israéliens en jeep. Ils se sont « amusés » à ses dépens toute la journée : il a été humilié, insulté, battu, la tête en sang. Ils l’ont obligé à se tenir debout pendant des heures sur une pierre en plein soleil, les mains sur la tête. Ils l’ontrelâché le soir.

 

C’est pourquoi, Aulnay Palestine Solidarité apporte son soutien aux prisonniers politiques palestiniens et s’inscrit dans la campagne de parrainage de l’AFPS. Notre association parraine 50 prisonniers.

 

Chaque parrain s’engage à leur écrire une fois par mois. Cette action de solidarité leurapporte un soutien concret, leur donne de l’espoir et rompt leur isolement. Elle permet aussi d’exercer une pression internationale sur les autorités israéliennes. Avec cette campagne, la question des prisonniers n’est plus confidentielle. Les lettres de solidarité franchissent bien les barreaux de la prison.

 

Nous avons créé une Boite Postale et nous avons reçu un courrier d’ABDELSALAM qui arépondu à sa marraine Patricia. Vous le trouverez affiché sur ce mur.

 

Lors de notre voyage, nous avons rencontré 2 associations : le club des prisonniers et l’ONG ADAMEER. Nous sommes allés égalementrendre visite à la famille de Mona à Jénine,parrainée par FrançoiseCe fut aussi un grand moment d’émotion. Tous, nous ont dit la mêmechose : c’est un système mis en place par Israël pour détruire la société palestinienne. C’est du terrorisme d’Etat pour briser la résistance.

 

Voici les chiffres :

Depuis 1967, 800 000 palestiniens dont 25 000 enfants et 12 000 femmes ont été emprisonnés (certaines ont accouché en prison). Ce qui représente plus de 20% de la population et 40% de la population masculine.
Aujourd’hui, Israël détient près de 5 000 prisonniers.
538 sont jugés à vie. Parmi eux, Marwan BARGOUTHY, 5 fois emprisonné à vie, plus40 ans et Karim LOUNES, le plus vieuxprisonnier de Palestine, condamné à 30 ans de prison.

 

16 femmes,

 

200 enfants de -18 ans. La situation des enfants prisonniers est dramatique. Ils connaissent les mêmes conditions de détention que les adultes Ils sont jugés, interrogés, torturés de la même façon. En prison, les enfants subissent des violences physiques, verbales et sexuelles.

 

159 sont en détention administrative,

 

150 prisonniers sont gravement malades ou handicapés : cancers, maladies cardiaques. Ils ne sont pas soignés.

 

Les conditions de vie sont inhumaines :

 

La torture est pratiquée 

 

Les arrestations sont massives : il n’y a pas une famille palestinienne qui n’a pas deprisonnier.
Des humiliationsdes pressions psychologiques, des menaces et desreprésailles  sont constamment exercées.Le film OMAR illustre bien cette situation.Mais la réalité est pire encore.

 

En 2013, 4 palestiniens sont morts dans des conditions inhumaines du fait de négligences médicales et des tortures.

 

Les cellules sont très sales, surpeuplées, l’espace de vie est réduit (8 à 12 mètres carrés pour les normes internationales, 2 mètres carrés pour les palestiniens)

 

Les familles n’ont pas le droit de leur rendre visite. Ils sont complètement isolés.

 

Afin de mobiliser l’opinion internationale, de la cellule de Nelson Mandela en Afrique du Sud, l’autorité palestinienne a lancé, en octobre 2013, la campagne internationale pour la libération de Marwan BARGHOUTI, ainsi que de tous les prisonniers politiques et pour l’arrêt de la torture.

 

L’objectif est que 10 prisonniers palestiniens soient prix Nobel de la PaixUne conférenceinternationale va être organisée pour porter plainte contre Israël au Tribunal Pénal International.

 

Aulnay Palestine Solidarité, pour sa part s’est fixé des objectifs de solidarité et de soutien :

 

Continuer et augmenter le nombre de parrainage de prisonniers

 

Demander à la mairie d’Aulnay-sous-Bois que Marwan BARGHOUTI et un prisonnier de la ville d’AL RAM, soient citoyens d’honneur de la ville. Notre association a déjà fait signer plus d’une centaine depétitions.

 

Poursuivre la sensibilisation et la mobilisation de la population sur la question des prisonniers politiques palestiniens.

 

 

Pour conclure, je voudrais citer la dernière phrase de la chanson de Kerry JAMES « J’espère, j’espère toujours voir la paix dans la justice se lever à l’horizon et j’écris avec le cœur et la raison ».



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